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Les marchés jouent le court terme et l’afflux de liquidités
information fournie par GreenSome Finance 05/05/2020 à 09:04

Arnaud  Riverain
Arnaud  Riverain

Arnaud Riverain

GreenSome Finance

Associé Fondateur

http://www.greensome-finance.fr/

Même si l'économie traverse sa pire crise, comme on a les banques centrales qui jouent au Père Noël on peut dormir tranquille et cela peu importe si quasiment aucune société n'est en mesure de se prononcer sur les mois à venir… (crédit : John Guccione / Pexels)

Même si l'économie traverse sa pire crise, comme on a les banques centrales qui jouent au Père Noël on peut dormir tranquille et cela peu importe si quasiment aucune société n'est en mesure de se prononcer sur les mois à venir… (crédit : John Guccione / Pexels)

Depuis la purge d'une violence extrême observée entre le 19 février et le 18 mars, les marchés ayant tous perdu environ 40%, on a pu observer un rebond net jusqu'à fin mars puis la poursuite de la reprise en avril mais de manière moins prononcée. Ainsi, la plupart des indices parisiens depuis leurs plus bas de mars ont repris plus de 20%, les marchés américains dépassant les +30%. Autre phénomène, la nette surperformance des small caps en avril par rapport aux larges, phénomène qui s'explique en grande partie par l'arrivée de plus de 150 000 nouveaux investisseurs individuels (source Euronext). Les secteurs les plus recherchés ont été ceux de la Santé mais aussi de la Tech ainsi que les Utilities et les Télécoms, ces derniers étant naturellement les secteurs les mieux protégés de la crise que nous traversons.

Une fois que l'on a fait ce constat, qu'en penser ? On a l'impression que le marché s'accroche aux nouvelles de court terme i.e. le sentiment que le pic épidémique est derrière nous, les nombreux espoirs suscités par les multiples annonces d'essais de candidats vaccins ou de traitement limitant les effets du covid-19 et surtout le sentiment si rassurant de savoir que nos banques centrales veillent sur nous grâce à un pouvoir interventionniste qui semble sans limite. Bref, même si l'économie traverse sa pire crise, comme on a les banques centrales qui jouent au Père Noël on peut dormir tranquille et cela peu importe si quasiment aucune société n'est en mesure de se prononcer sur les mois à venir…

Performances des indices (source : Greensome Finance Nyse Euronext)

Performances des indices (source : Greensome Finance Nyse Euronext)

Consensus

Sans surprise les prévisions de résultats se succèdent et la baisse fait consensus. A ce jour, les analystes attendent une baisse des bénéfices par action d'environ -30% pour 2020e alors qu'à fin février nous étions sur une attente de hausse d'environ 7-8%. La baisse attendue semble assez logique au regard des dernières publications ou du moins du discours des sociétés qui fait consensus pour dire que le T2 sera catastrophique, le T3 anémique et le T4 au mieux un retour à la normale. Après attention avec les prévisions actuelles car la quasi-totalité des sociétés dit ne pas savoir quels seront les vrais impacts, ne parlons donc pas des analystes…

Si l'on regarde tout de même les estimations de BPA 2021e, on remarque que pour le CAC on reviendra sur les niveaux de 2019, pour le CAC Mid&Small on ferait mieux de 21% et pour le CAC Small de 100%. Cela s'appelle une reprise en V ce qui semble très très optimiste donc irréaliste à nos yeux mais il est vrai que nous avons toujours eu un discours plutôt « bearish ».

Estimations des variations de BPA (source : InFront)

Estimations des variations de BPA (source : InFront)

Valorisation

Avec la reprise des marchés et la baisse des prévisions de résultats, sans surprise les valorisations s'emballent pour 2020 et sont en ligne avec les moyennes historiques pour 2021. Aussi, on pourrait dire froidement que le marché regarde 2021 mais n'a cure de 2020. Cela ouvre la porte à de fortes déceptions à court terme. Encore un signal d'alerte à avoir en tête selon nous.

Valorisation des indices. (source Infront)

Valorisation des indices. (source Infront)

Conclusion

Suite à la crise des subprime, tout s'est bloqué par crainte de manque de liquidité. En gros plus personne ne se faisait confiance. Mais là tout s'est bloqué par absence de consommateurs. Les liquidités sont là, et c'est tant mieux, mais le vrai problème est que l'argent n'est plus dépensé. Aussi immanquablement les chômeurs vont arriver par millions, cela a même commencé. Mais peu importe, les marchés regardent ailleurs, du moins pour le moment, trop rassurés par nos banques centrales…

Le rebond qui s'est produit ne repose donc que sur un facteur, l'accès aux liquidités. D'ailleurs on a pu observer lors des derniers discours qui n'ont pas amené de changement majeur que la déception était immédiate. Cela rend le rebond depuis mi-mars d'autant plus fragile car l'économie a été oubliée. D'ailleurs les sociétés sont claires. Elles n'y voient rien à court terme. Au mieux elles attendent un retour à la normale au T4 mais ce raisonnement tient dans le monde d'avant i.e. avec un chômage qui ne cesse de baisser. Elles oublient qu'elles vont être confrontées à une nouvelle donnée, la disparition des consommateurs. Toute la question est donc de savoir à quelle vitesse les consommateurs vont revenir, en cela l'indicateur clé sera le chômage.

A court terme il faudra être prudent car la bonne tenue du marché depuis le rebond repose sur pas grand-chose. Les opérateurs ont-ils vraiment pris conscience de ce qui va tomber au T2 ? Probablement pas. Après s'il n'y a pas de « seconde vague importante », ce qui est possible quand on regarde la Chine, un peu d'optimisme de notre part ne fait pas de mal, cela peut donner du baume au cœur et tenir les marchés artificiellement. Autre facteur de soutien « artificiel », le fait que seules les actions seront à même d'apporter du rendement dans un environnement de taux au plancher pour encore très longtemps.

Enfin si l'on revient à ce que nous sommes censé vraiment connaître, à savoir les Small Caps, leur surperformance est liée à l'arrivée de nombreux particuliers et à leur engouement pour les sociétés de la Santé quelques soient leur domaine. Il y a un phénomène qui ressemble d'une certaine manière à la ruée sur les Tech avant l'éclatement de la bulle télécoms en 2000. Attention donc car les bulles sont faites pour éclater…

Arnaud Riverain, associé Gérant, GreenSome Finance


Le présent article est rédigé par GreenSome Finance. Cet article ne doit en aucun cas s'apparenter à un conseil en investissement ou une recommandation d'acheter, de vendre ou de continuer à détenir un investissement. Boursorama ne saurait être tenu responsable d'une décision d'investissement ou de désinvestissement sur la base de cet article.

5 commentaires

  • 09 mai 16:21

    Voilà un article qui fait plaisir à lire : pas de sensationnalisme, mais des analyses objectives et du bon sens.


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